Confirmation de la condamnation de Google pour abus de position dominante
Auteurs : Sylvie Cholet, avocate associée, et Alice Naulin, juriste stagiaire
Publié le :
10/06/2022
10
juin
juin
06
2022
Dans son arrêt du 7 avril 2022, la Cour d’appel de Paris confirme la condamnation de Google au paiement d’une amende de 150 millions d’euros pour abus de position dominante sur le marché de la publicité en ligne liée aux recherches.
Pour rappel, dans sa décision n°19-D-26 relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur de la publicité en ligne liée aux recherches, l’Autorité de la concurrence avait condamné Google au paiement d’une amende de 150 millions d’euros, accompagnée d’injonctions, pour avoir abusé de sa position dominante en violation de l’article L. 420-2 du code de commerce et l’article 102 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (voir le commentaire de Sylvie Cholet dans les Actualités du site et en éclairage de la Revue Lamy de la concurrence, Nº 92, 1er mars 2020)
Au soutien de son appel, Google avançait qu’elle n’aurait retiré aucun avantage de la pratique (1) que l’Autorité n’aurait pas démontré le lien de causalité entre la position dominante (non contestée) de Google sur le marché de la publicité en ligne liée aux recherches et les pratiques alléguées (2), ou encore que les conditions pour l’accès à son service publicitaire pour la « vente d'articles gratuits » et pour « les promotions indignes de confiance » avaient pour unique finalité de protéger ses utilisateurs de conséquences dommageables(3).
- Le premier moyen est rejeté : s’agissant d’un abus d’exploitation, l’Autorité n’avait pas à démontrer que son auteur ait retiré un quelconque avantage de la pratique. Cela étant, la cour relève à titre surabondant que « Google a retiré des revenus publicitaires significatifs de la promotion sur sa plateforme de sites douteux ou aux pratiques similaires à ceux désignés comme non conformes ».
- Le second moyen est rejeté : Le lien entre la position dominante et l’abus reproché s’infère de ce qu’il a été commis sur un marché dominé et qu’il a eu des effets sur des marchés connexes sur lesquels interviennent les annonceurs, clients de Google. Le fait que des concurrents de Google aient adopté un comportement similaire n’est pas un argument pertinent de nature à écarter le lien de causalité.
- Le troisième moyen est rejeté : la Cour rappelle « .Il n’appartient pas à l’Autorité de se substituer aux organes de direction de l’entreprise en position dominante pour déterminer quelle doit être sa politique sur le marché pertinent, mais d’établir que les conditions de transaction litigieuses peuvent, au vu de l’ensemble des circonstances de la cause, être objectivement qualifiées de non équitables. » (§197) Or, en l’espèce, la Cour considère que les Règles de la plateforme publicitaire Google Ads « ont été définies et appliquées de manière non objective, non transparente et discriminatoire et qu’elles présentent, au vu de l’ensemble des circonstances de la cause, un caractère objectivement non équitable. »
La Cour d’appel a confirmé la condamnation de Google au paiement de 150 millions d’euros au motif qu’un tel montant se révèle proportionné à la gravité des faits, du dommage causé à l’économie et à la situation de l’entreprise. Ainsi, elle valide le choix de l’Autorité de la concurrence de s’affranchir du Communiqué du 16 mai 2011 relatif à la méthode de détermination des sanctions pécuniaires dont l’application aurait donné lieu à une sanction « dépourvue de tout caractère dissuasif et répressif .
La Cour a néanmoins réformé la décision
- en ce qu'elle a condamné Google France en tant qu'auteur faute d'élément permettant d’établir que la filiale a pu participer à la définition des Règles et intervenir dans leur application discriminatoire.
- en ce qu'elle a prononcé deux injonctions relatives à la détection et au traitement des violations des Règles protectrices des internautes prévues aux paragraphes 580 à 585 de cette décision ;
Google s’est pourvue en cassation
Historique
-
« La conformité est l’affaire de tous »
Publié le : 13/06/2022 13 juin juin 06 2022Droit commercial / Droit de la concurrencePublication du document-cadre du 24 mai 2022 sur les programmes de conformite...Source : www.autoritedelaconcurrence.fr
-
Confirmation de la condamnation de Google pour abus de position dominante
Publié le : 10/06/2022 10 juin juin 06 2022Droit commercial / Droit de la concurrenceDans son arrêt du 7 avril 2022, la Cour d’appel de Paris confir...
-
GUN JUMPING : DOUBLE INFRACTION ET NON BIS IN IDEM
Publié le : 05/05/2022 05 mai mai 05 2022ActualitésDroit commercial / Droit de la concurrenceDans sa décision n°22-D-10 du 12 avril 2022, l’Autorité de la concurrence s’a...Source : www.autoritedelaconcurrence.fr
-
Abus de position dominante par la fixation de prix inférieurs aux coûts
Publié le : 16/07/2021 16 juillet juil. 07 2021Droit commercialDroit commercial / Droit de la concurrenceCom. 9 juin 2021, F-D, n° 19-10.943 Une entreprise détenant une position d...
-
Les clauses de non-concurrence par le prisme de l’interdiction des ententes anticoncurrentielles
Publié le : 13/07/2021 13 juillet juil. 07 2021ActualitésCass. com, 12 mai 2021, n° Pourvoi n° Z 19-12.357 Le 12 mai 2021, la Cour de...
-
Hermès : un nouvel outil d’échanges de documents avec les avocats et l'administration mis en place par l'Autorité
Publié le : 25/06/2021 25 juin juin 06 2021Droit commercial / Droit de la concurrenceAfin de simplifier, accélérer et sécuriser l’ensemble des échanges en matière...Source : www.autoritedelaconcurrence.fr