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L'ADLC à l'écoute des malentendants

Publié le : 19/02/2016 19 février févr. 02 2016
Source : www.autoritedelaconcurrence.fr
Décision n° 16-SOA-01 du 3 février 2016 relative à une saisine d’office pour avis portant sur le secteur des audioprothèses

L’Autorité de la Concurrence, à l’écoute des 6 millions de malentendants français, a décidé, ce 3 février 2016, de se saisir d’office pour analyser les pratiques dans le secteur de la distribution d’audioprothèses.

Le marché des audioprothèses, avec un chiffre d’affaires de 927 millions d’euros et une croissance annuelle moyenne de 5,6%, ne connaît pas la crise. Pourtant, moins d’un tiers des malentendants appareillables sont aujourd’hui équipés de prothèses auditives. La raison en est double : d’abord, un prix, bien qu’équivalent à celui des autres pays européens, prohibitif (en moyenne 1550 euros par oreille) eu égard au coût réel de l’équipement (entre 50 et 90 euros) ; ensuite, et surtout, son faible remboursement par l’Assurance maladie et les complémentaires santé (environ 450 euros au total).

6 fabricants étrangers se partagent le marché français de l’audioprothèse, sans qu’aucun ne soit en position dominante. L’ADLC s’interrogera :
  • Sur leur rôle dans la fixation du prix de vente des audioprothèses et les améliorations possibles
  • Sur le maintien d’une concurrence effective entre les différents acteurs.
Elle évaluera également les conséquences d’opérations de concentration récente (cf. déc.  n°15-DCC-115 du 18 sept. 2015 relative à la prise de contrôle exclusif de la société Audika Groupe et de ses filiales par le groupe William Demant) et à venir, notamment, le risque d’abus de dépendance économique des fabricants au détriment des audioprothésistes.

Si l’activité des centrales d’achat « ne semble pas prima facie révéler de pratiques susceptibles d’impacter les conditions de concurrence sur le marché de la distribution d’audioprothèses » (§18), l’Autorité attend toutefois les résultats de l’investigation pour le confirmer.

3065 audioprothésistes seulement se partagent le marché de la vente et de l’appareillage des malentendants. L’Autorité pointe du doigt les marges « élevées » (§20), plus de 70%, que ces professionnels réalisent et étudiera leur justification au regard du service rendu. Pour « faire baisser les prix et conséquemment réduire le reste à charge des patients » (§22), elle envisagera d’une part les conséquences du numerus clausus des audioprothésistes sur le marché, et d’autre part la piste du découplage de la vente de l’appareil et la fourniture des prestations de suivi.

L’ADLC déplore également l’asymétrie d’information en défaveur du consommateur et le pouvoir prescripteur des audioprothésistes, toujours enclins à orienter les patients vers des appareils haut de gamme, bien que leur utilité soit parfois difficile à déterminer. Elle s’intéressera aux mesures propres à améliorer l’information du patient et à réduire l’influence des audioprothésistes sur le choix de l’appareil.

Enfin, l’ADLC s’intéressera aux réseaux de distribution mutualistes, qui permettent une baisse du prix des audioprothèses de plus de 15% et vérifiera que ces réseaux peuvent se développer.

Les consommateurs peuvent donc espérer, bientôt, une amélioration du rapport qualité-prix et de la prise en charge de leur appareillage.
 
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